Compte-rendu
de la Réunion Publique sur le déconfinement – 09 mai 2020
Alfortville, le 14.05.20
Synthèse :
Cette réunion,
et celles qui suivront, sont la preuve que la distanciation physique ne mène
pas nécessairement à la distanciation sociale. Le confinement est un vécu
social total : quelque chose d’exceptionnel dont on mettra du temps à
mesurer l’impact et les conséquences
Les points importants ressortis
de nos échanges :
·
Il
est nécessaire de mettre en lien et coordonner tous les acteurs de la
collectivité, services publics, associations et habitants
·
À
Alfortville comme au niveau national, les décisions face à la situation
complexe du confinement et du déconfinement ne sont pas prises collectivement.
Une personne et son entourage proche, ne peuvent à eux seuls prendre les
dimensions du problème. Les points de vue des nombreux acteurs de la ville
engagés, associations et habitants doivent être échangés pour élaborer des
réponses que chacun tout seul ne peut envisager
·
Les
dimensions démocratie, solidarité et écologie ont toutes été mentionnées par
les participants en évoquant les problèmes liés aux transports, au soutien aux
habitants les plus précaires, à la distribution alimentaire sécurisée et au
manque de coordination.
L’opportunité est présente, de faire
perdurer les initiatives mises en place, en particulier au niveau du transport
et des solidarités.
Compte-rendu
des échanges :
Les
participants ont dressé le constat suivant :
·
Notre
modèle de développement révèle son extrême fragilité devant ce genre
d’événement : l’absence d’anticipation des crises est guidé par les
logiques court-termistes
·
Les
politiques sont prisonniers de ce système de vision à court terme, qui a
conduit à affaiblir le système de santé et de recherche, pourtant nos seules
armes pour sortir de la situation actuelle
·
Les
consignes sanitaires furent des injonctions contradictoires : ne sortez pas de
chez vous, mais allez travailler si votre mission est indispensable à la
collectivité. Ces travaux ont été réalisés sans les protections nécessaires.
·
Le
confinement aura de graves conséquences économiques, sociales, personnelles et psychiques.
A ce titre il ne peut durer indéfiniment.
·
Quelles
traces laisseront pour beaucoup l’isolement consécutif au confinement, en
particulier aux plus jeunes et aux plus âgés.
·
Exacerbation
des inégalités : télétravail ou non, sécurité de l’emploi ou pas, les
habitants ont souffert, pour certains de logements exigus ou insalubres.
L’inégalité a été renforcée, en comparaison d’autres qui jouissaient de maisons
plus spacieuses, de jardins.
Cependant le
confinement a également démontré la persistance de l’esprit de solidarité, et
de ses initiatives spontanées.
Concernant les
dispositifs de solidarité :
À Alfortville, plusieurs associations
ont été rapidement sollicitées par des familles en difficulté alimentaire et
qui se sont mobilisées durant la période de confinement :
·
Accompagnement
solidaire et scolaire
·
Don
du cœur (association de Créteil qui aide des familles Alfortvillaises)
·
Initiatives
de la Cour-Cyclette
·
Initiatives
de la compagnie des parents.
Trois d’entre
elles rapportent d’ailleurs avoir été submergées par les demandes d’aide de
nombreuses familles. Elles les ont orientés vers le CCAS, qui pour certains
nombreux cas les ont refoulées.
Le collectif « don du
cœur » de Créteil signale que le CCAS n’a pas pris en compte les familles
dont la situation s’était aggravée depuis le confinement.
Parmi elles des familles logées par
le 115 à Appartcity et qui ne bénéficient pas ou peu d’accompagnement des
structures chargées de leurs situations.
Les associations Alfortvillaises ont
fait appel à des associations d’autres communes et d’autres départements qui
ont assuré des livraisons alimentaires régulières dont 176 familles ont été les
bénéficiaires.
La Cour-Cyclette a transformé ses
marchés Bio en livraisons de paniers Bio avec des livraisons groupées
respectant le protocole sanitaire et faisant appel à l’auto-organisation des
habitants. Les livraisons étaient assurées en vélos-cargot et préfigurent une
solution d’avenir.
Cette association a signalé la grande
précarité des étudiants de Créteil avec lesquels elle travaille. Elle a
également fait appel aux habitants pour constituer, dans un premier temps des
paniers de fruits pour les soignants puis des paniers solidaires mis à
disposition des autres associations.
Toutes ces associations ont été
confrontées à un manque de coordination sur la ville. Recenser les familles en
difficulté a représenté un important travail. Leur souhait aurait été de
bénéficier d’une collaboration plus étroite avec le CCAS, qui est compétent en
la matière, et leur aurait permis d’être plus efficaces. Elles ont sollicité la
ville qui ne s’est pas appuyée sur leur connaissance du terrain,
regrettent-elles.
Pierre Ughetto de la majorité
municipale, se déclare volontaire pour faire le lien entre les associations,
les « invisibles » qui ont été évoqués, et la nouvelle majorité
municipale.
Nous reconnaissons le travail des
agents qui agissent dans leur domaine de compétences, notamment le CCAS qui
effectue un travail considérable, mais nous pensons qu’il s’appuie uniquement
sur le vivier de familles qui ont fait la démarche de se faire connaître. Il y
a toutes celles qui ne font pas la démarche, et pour qui il semble
indispensable de trouver le moyen d’aller vers elles. Pour se faire, les moyens
qui lui sont alloués devraient être augmentés pour élargir son champ de
compétences.
Une question est posée sur les
relations entre les aides apportées par le département et celles du CCAS.
Concernant la
réouverture des écoles :
Une enseignante en école maternelle évoque
le développement du lien de proximité avec les familles et la découverte de
nouveaux outils à l’occasion de l’enseignement à distance. Elle nous fait part
également de nombreuses initiatives de solidarité sur la ville et à proximité (distribution
de masques et sur-blouses). Mais elle pointe une action qui a été limitée par
l’éducation nationale : l’apport
direct de matériel informatique à une famille logée à appart’city, pour un
élève confiné avec les siens dans une chambre d’hôtel.
Elle pense que l’ouverture des écoles
serait profitable à nombre d’enfants mais certainement pas dans les conditions
requises par le protocole sanitaire qui va à l’encontre des besoins des jeunes
enfants et de la pédagogie pratiquée à l’école maternelle.
Elle se dit déroutée, en tant que
parent et enseignante, par les injonctions contradictoires du ministre quant à
l’ouverture ou non des écoles. Elle déclare qu’aucune concertation du corps
enseignant n’a été mise en place avec le maire et l’inspecteur de l’éducation
nationale.
Les parents d’élèves évoquent le
manque de matériel informatique pour un certain nombre de familles. Des
parents, après avoir cherché, trouvé et mis à jour des ordinateurs donnés, ont
proposé pour compléter de prêter les tablettes de l’école (dotation
municipale). Ils ont essuyé un refus de la directrice.
Un parent qui ne possède pas
d’imprimante et qui a été obligé de copier les devoirs de son fils se
questionne sur l’absence de plateforme qui permettrait aux enfants de remplir
directement les documents.
L’équipe d’une école a fait un
sondage auprès des familles et a obtenu 46% de fréquentation possible. L’école
pouvait accueillir 12 enfants par classe en respectant le protocole
envisageable pour de grands élèves d’élémentaire. Des parents regrettent la
décision unilatérale prise par le maire et soulignent l’importance de l’humain dans
la relation qu’il est important de retrouver pour les enfants. Une mère d’élève
abonde dans ce sens et aimerait que l’on donne la parole aux enfants au-delà de
l’école mais dans la ville.
Une participante souligne ce qui lui
semble ressortir des propos tenus : un manque criant de coordination entre
parents, enseignants, mairie et éducation nationale.
Un participant du comité local Larem
d’Alfortville attend une attitude proactive de la mairie vers les associations.
Un membre de la CGT qui se prononce contre
la reprise de l’école, fait la relation entre la garde des enfants et la
reprise du travail.
Concernant le plan de
déplacement et l’urbanisme tactique :
Alternatiba,
MDB (mieux se déplacer à bicyclette) et la Cour-Cyclette ont fait des propositions :
·
Rue
Charles de Gaulle et rue Emile Zola, création de pistes cyclables sécurisées
·
Elargissement
des trottoirs de 2m50 rue PVC, la gare, rue de seine, rue Maleret Joinville
pour que les queues puissent s’organiser.
·
Libérer
des places de stationnement
·
Créer
des places des zones de rencontre limitée à 20 km/H
Ce qui anime
ces trois associations c’est de remettre de l’humain dans la ville. L’espace
public c’est le jardin de ceux qui n’en ont pas, c’est aussi une question de
justice sociale.
Ces trois associations ont été reçues
par les services techniques de la ville.
Concernant l’affluence attendue dans
les transports, il est suggéré d’encourager le télé-travail en proposant la
mise à disposition des espaces de co-working sur la ville.
Le problème de la mise à l’abri des
vélos est également à considérer lorsque l’aménagement des immeubles ne le
permet pas.